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American Predator, M. Callahan

American Predator

American Predator, de Maureen Callahan (USA), Editions Sonatine, 2021

 

Synopsis :

C’est l’un des tueurs en série les plus terrifiants des États-Unis. Il a réellement existé, et pourtant, vous ignorez son nom… Pour l’instant.

Anchorage, sur les rivages glacés de l’Alaska. Dans la nuit du 2 février 2012, la jeune Samantha Koenig termine son service dans un petit kiosque à café, battu par la neige et le vent. Le lendemain, elle n’est toujours pas rentrée chez elle. Une caméra de vidéosurveillance apporte vite la réponse : on y voit clairement un inconnu emmener l’adolescente sous la menace. Commence alors une véritable chasse à l’homme, qui permet au FBI de mettre la main sur un suspect potentiel, Israel Keyes. Un homme qui semble pourtant au-delà de tout soupçon, un honnête travailleur, vivant seul avec sa fille.

À travers une enquête digne des meilleurs thrillers, Maureen Callahan retrace le parcours meurtrier d’un prédateur au modus operandi glaçant qui a sévi durant des années sur l’ensemble du territoire américain, sans jamais être inquiété. Véritable voyage au coeur du mal, American Predator décrypte les rouages angoissants d’un esprit malade et ceux, grippés, d’une machine policière empêtrée dans ses luttes internes. Un périple sauvage, aux confins de la folie.

 

Avis : 4.8/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 4/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5

 

Un roman policier, et une histoire vraie, qu’il ne faut clairement pas mettre entre les mains du premier venu ! Maureen Callahan a passé bien du temps à écouter et réaliser des interviews, à lire des notes et rapports d’enquête, à compiler les informations sur un criminel d’une rare dangerosité. Un travail minutieux et de longue haleine de journaliste qui investigue sur un tueur en série : Israel Keyes.

Tout commence avec un avis de disparition sur une jeune fille en Alaska, Samantha. Avec la vidéosurveillance, les policiers repèrent un braquage avec enlèvement. Pourtant, il y a plein d’incohérences dans les images, le timing est mauvais, le petit ami de Samantha vient de se disputer avec elle et son père semble vouloir tirer profit de ce drame. Les enquêteurs partent dans tous les sens et aucun suspect potentiel ne pointe son nez. Il faut attendre une demande de rançon bien loufoque pour que l’affaire reprenne. A partir de là, c’est tambours battant que les agents du FBI, Rangers et Marshalls vont pister le suspect à travers un état bien loin de l’Alaska : le Texas. On y arrête un suspect qui retirait de l’argent avec la carte de Samantha, un type assez banal, père de famille, qui rendait visite à sa parenté dans le coin. Les indices trouvés confirment rapidement aux Rangers qu’ils ont attrapé le bon gars.

C’est ici que l’horreur commence. Maureen Callahan relate les propos des entretiens passés entre les divers agents et cet homme, Israel Keyes. Ils passent un accord et les informations commencent à tomber sur l’homme qu’il est réellement derrière le masque du bon papa et excellent travailleur. Et c’est là que le texte vous prend aux tripes, page après page, un chapitre après l’autre… on se rapproche de la définition d’un prédateur à l’état pur.

La narration de ce roman est simple, factuelle et très scolaire. On va à l’essentiel qui est, disons le simplement, indigeste et inhumain. Le titre American Predator n’est pas donné au hasard !

 

L’énigmatique passé de l'”American Predator”

Même Maureen Callahan pose la problématique : “L’ensemble de la psychologie criminelle et judiciaire demeure hanté par une question fondamentale : est-ce qu’on naît psychopathe ou est-ce qu’on le devient ?” Le débat revient, encore et encore et même les neuroscientifiques ne parviennent pas à se mettre d’accord. Il y a la théorie exposée dans les romans d’Ellison Cooper avec la taille des amygdales, mais elle vient buter sur le même résultat que Maureen Callahan : “Tous les psychopathes ne sont pas des tueurs en série, mais tous les tueurs en série sont des psychopathes […]”

Israel Keyes a la parcours typique du psychopathe. C’est cliché tout en étant vrai. Sa famille déménage souvent, ils passent de secte en secte, de suprémacistes blancs aux Amish. Keyes fait partie d’une grande fratrie et c’est pourtant le seul membre à être sadique. Il s’en prend régulièrement aux animaux, adore les armes à feu, n’a pas beaucoup d’amis. N’ayant jamais été scolarisé, il réussit tout de même le diplôme requis pour intégrer l’armée. Ses compagnons d’arme ne sont pas légion et il leur semble trop différent. A son retour au pays, il se met à tuer.

 

Dans la tête du Serial Killer

Le très célèbre profileur Roy Hazelwood, dont les écrits ont inspirés Keyes, décrit ce dernier comme “le criminel le plus méticuleux du XXIème siècle”. Il lui a d’ailleurs consacré un livre après de nombreux entretiens. Dans American Predator, l’auteure s’est concentrée sur le tueur, sa vie, son profil, alors ne cherchez pas le point de vue des familles des victimes. D’ailleurs, nul ne sait réellement le nombre de meurtres réalisés par Keyes. Ce qui est troublant autant qu’intéressant ici, c’est qu’on entre dans sa tête. Keyes parle volontiers étant donné qu’il marchande des bribes d’informations en échange d’exigences. A titre d’exemple, il révèle le lieu d’un corps mais demande à ce que son nom ne passe pas dans les médias pour la tranquillité de sa fille. Il a accepte de parler d’un meurtre contre la promesse qu’on l’exécutera pile une année après. Il a Internet, reçoit des journaux, etc. 

Keyes le déclare lui-même, en lui, il y a 2 personnes que personne ne connaît. Il tue par plaisir, parce qu’il le peut, sait comment s’y prendre sans se faire attraper. Il viole ses victimes, la nécrophilie ne le dérange nullement et pour se débarrasser des corps, il n’hésite pas à les découper et faire plusieurs trajets. Le tout, sans éveiller le moindre soupçon, même pas de sa femme. J’en veux pour preuve le fait que Samantha Koenig, lors de son enlèvement, a tenté de fuir et aurait eu l’occasion de demander de l’aide à 5 reprises, y compris à des policiers. Mais Keyes maîtrise parfaitement son sadisme, sa manipulation. L’erreur qui l’a fait chuter demeure à mes yeux un mystère tant c’est bête. A trop prendre la confiance, il a chuté, et c’est tant mieux !

A ce jour, il manque des corps, d’autres sont trouvés sans pouvoir être reliés à Keyes, des disparitions lui sont également attribuées.

Si vous êtes passionné par l’univers policier, par les tueurs en série les plus fous ou la psychologie criminelle, ce bouquin vous attend et vous y trouverez de quoi vous sustenter ! Une mine d’or d’informations à prendre avec du recul.

Israel Keyes Map
Lieux des victimes potentielles de Keyes d’après ses voyages.