La boîte à magie, C. Läckberg & H. Fexeux
La boîte à magie, de Camilla Läckberg et Henrik Fexeus (SW), Actes Sud, 2022
Synopsis :
Qu’est-il arrivé à Tuva, une mère célibataire dont le corps dénudé et transpercé d’épées est retrouvé dans une boîte ? Alors que la scène de crime laisse penser à un tour de magie qui aurait tourné au drame, Mina Dahbiri, détective de renommée et hypocondriaque est dépêchée sur cette affaire des plus burlesques. Nouvelle arrivée dans une équipe de la brigade criminelle de Stockholm, elle ne parvient pas à dénicher la moindre piste intéressante.
Pour multiplier ses chances de résoudre ce crime infâme, elle décide de faire appel à Vincent Walder, la star mentaliste qui affole le petit écran et la scène suédoise avec ses shows surdimensionnés.
Avis : 5/5
Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 5/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5
Après 10 polars monstrueux dédiés à Erica Falck et Patrick Hedström, Camilla Läckberg s’était endormi avec quatre romans plus que féministes, peu approfondis et d’un niveau indigne de son auteure. En découvrant le quatrième de couverture de La boîte à magie, j’ai sursauté de bonheur à l’idée de découvrir ce nouvel univers qui, peut-être, allait la relancer.
Une nouvelle section toute neuve de la police de Stockholm est appelée à enquêter sur un meurtre très spécial. Cela semble toucher à la magie, ou presque. Mina Dabiri, l’enquêtrice principale, se voit obliger de prendre un consultant. C’est ainsi qu’elle invite Vincent Walder, le mentaliste par excellence et star des spectacles, à amener son expertise. Le consultant n’a pas le temps d’être accepté dans son nouveau rôle que déjà, un nouveau corps est retrouvé. Là aussi, tout pointe vers un tour de magie.
L’équipe pense rapidement à une sorte de compte à rebours, sans le moindre suspect, sans le moindre mobile, sans rien.
Enfin, Camilla Läckberg a remis son bleu de travail pour nous délivrer un roman épique. Le temps ne compte plus, et les 650 pages sont avalées, comme par magie. Un gros gros coup de coeur !
Un tandem hors-normes
Je craignais de tracer trop de similitudes entre les duos Mina Dabiri/Vincent Walder et Teresa Lisbon/Patrick Jane de la série The Mentalist. Hormis leurs métiers, absolument rien à signaler ! Mina n’a rien de chevaleresque, l’obsession maladif de la propreté la ronge, son passé étrange pointe son nez de temps à autre et elle fait partie d’un groupe de parole. Vincent est LE mentaliste par excellence, un showman qui parcourt le globe de succès en succès. Il y a l’homme de scène, sûr de lui et l’homme standard, bourré de TOCs et féru de n’importe quel type de connaissances. S’il peut emmagasiner une informations intéressantes, il le fait. Ayant par le passé touché un peu à la magie, il ne tarde pas à prendre son nouveau rôle au sérieux. Sa vie de famille chaotique ne cessera de lui mettre du plomb dans l’aile.
Dans ce tandem, la confiance n’est pas un vain mot. Chacun est tellement spécial qu’il agit tel un aimant sur l’autre. Ils se découvrent, apprennent à anticiper le geste de l’autre, se surprennent à se compléter par leur côté vraiment barré.
L’année passé, lors d’un court entretien en visio, Marc Levy me disait que la qualité des polars, scandinaves de surcroit, résidait dans la qualité intrinsèque de leurs personnages. Il insistait sur cette clé du succès.
Avec Mina/Vincent, Camilla Läckberg a sûrement trouvé deux entités à fort potentiel.
Le grand retour de Camilla Läckberg
La boîte à magie fête ici le grand retour de la fameuse Reine du polar suédoise. Si ce roman tend plutôt à être classé comme policier plutôt que thriller, il en reste de qualité. On retrouve la plume particulière de Camilla Läckberg, on sent l’application, la recherche, la pose d’une intrigue réfléchie et distillée une goutte à la fois. Le travail de longue haleine atteint donc idéalement sa cible en rappellant à tout lecteur quelle auteure merveilleuse elle demeure.
Longue vie à la Reine.