Sweet Revenge, E. Maskame
Sweet Revenge, de Estelle Maskame (SCO), Editions 12/21, 2020
Synopsis :
Le nouveau roman d’Estelle Maskame, la reine de la romance ado.
Vanessa Murphy ne cherche pas de relation stable, encore moins de petit ami. Avec un père absent, rien de plus simple que de faire le mur pour retrouver Harrison, sa dernière conquête. Mais quand une vidéo de leurs moments intimes, prise par Harrison, fait le tour du lycée, sa vie bascule dans le chaos. Apparaît alors Kai, un garçon qui a lui aussi des comptes à régler avec Harrison. Pour faire de la vie de leur ennemi commun un enfer, Vanessa est prête à prendre tous les risques. À condition, toutefois, de ne pas tomber sous le charme de son associé…
Avis : 4/5
Personnages : 5/5
Décors : 4/5
Trame : 4/5
Emotion : 3/5
Globale : 4/5
Décrite comme la Reine des romances pour ados, Estelle Maskame a suscité mon intérêt. Cette jeune auteure de 1997 avait vraiment des retours tonitruants sur ses ouvrages, assez pour que j’ose m’y aventurer. A-t-elle réveillé l’adolescent qui sommeille en moi ?
Prenons, pour commencer, la narratrice : Vanessa. Ado rebelle, en plein deuil, volage et un brin naïve. Ce personnage central a de quoi hérisser les poils à maintes reprises par ses agissements et pensées immatures. Mais bon, tout le monde est passé par l’âge bête et chacun traîne ses fardeaux. Son père est veuf depuis peu et n’est que l’ombre de lui-même. Lui, il vous fend le coeur dès qu’il apparaît tant sa tristesse déborde. Il délaisse ainsi ses deux filles. De ce fait, Vanessa s’est fait la promesse de veiller sur sa petite soeur Kennedy. Même si cette dernière ne joue qu’un petit rôle, on apprécie sa solidarité, son sens du devoir familial malgré son jeune âge. Vanessa possède, au départ, un bon réseau d’amis. Rapidement, elle sera esseulée et ne pourra compter que sur sa meilleure amie Chyna pour lui remonter le moral. Chyna ressemble à la soeur de substitution de Vanessa, et sa famille aussi. Elle a tout ce qu’elle aimerait avoir, à savoir le minimum syndical ; une mère vivante, un père existant. Tout au long du roman, jamais Chyna ne va la lâcher et ça, c’est une amitié sans comparaison.
Aussi, quand l’ex de Vanessa dévoile une vidéo peu glorieuse de leurs ébats, les voiles tombent. On découvre vite la face cachée d’Harrison, véritable enfoiré de première zone, sadique, pervers, narcissique, frimeur, fils à papa et salopard de lâche. Et je pèse mes mots ! A ses côtés, Noah, son bras droit tout aussi stupide qui a lui aussi eu des relations avec Vanessa. Leur acharnement envers elle sera sans pareille.
Arrive alors Kai, un ado du lycée ennemi, renvoyé pour violence. Ayant une dent contre Harrison, il propose à Vanessa de former un tandem pour se venger. Kai n’est pas au premier abord un chic type. Il paraît un peu louche, fourbe et très distant. Là aussi, il va se montrer solide pour Vanessa, la défendre becs et ongles, quitte à risquer sa propre peau.
Un personnage secondaire, Maddie, me faisait presque pitié dans les premiers chapitres. Celle qui veut plaire à tout le monde, n’avoir que des amis, désirant se faire remarquer par n’importe quel moyen, va finir par prendre du volume et devenir une alliée de taille pour le tandem de choc.
Le roman se déroule en totalité à Westerville, dans l’Ohio. Estelle Maskame nous offre un panel typique d’une ville américaine de taille raisonnable avec ses quartiers bien définis, ses zones de privilégiés, ses frontières qui divisent la ville entre “Central”, “North” ou “South”. Bien qu’Écossaise, l’auteure a forcément dû faire un tour là-bas pour si bien peindre les décors ; à moins que tout ne sorte de son imagination.
L’histoire peut se résumer en quelques lignes. Un pseudo-couple se sépare, le mec balance sur les réseaux une vidéo osée de la fille, elle désire se venger, se fait aider par un petit nouveau, et bam, coup de foudre. Rien de bien sorcier au premier regard et du déjà-vu. Pourtant, l’évolution de le relation entre Vanessa et Kai est très intéressante. Parfois, on sent une immaturité galopante dans leurs dialogues ; reste à savoir si c’est un effet voulu ou non. Le langage qu’ils utilisent colle assez bien à des ados standards et on n’a pas l’impression d’avoir affaire à des quarantenaires. Le père de Vanessa m’ayant bien plus, j’ai suivi ses déboires avec un vif intérêt. L’essentiel de la trame est là sinon : la vengeance. Un moteur violent, destructeur et qui va crescendo jusqu’à ce que quelqu’un dépose les armes. L’auteure en a profité pour exposer son point de vue sur ce désir du Tallion. On adhère, ou non.
Qu’est-ce qu’un roman pour ados ? Honnêtement, je ne sais pas. Oui, les personnages sont essentiellement âgés de 17 ou 18 ans. Oui, le vocabulaire est accessible à un ado. D’accord, aucune scène de sexe torride comme Emma Green, pas de drogue dure, un peu d’alcool, de bagarres… Toujours est-il que dans ce livre, il y a des choses qui touchent à d’autres âges. A titre d’exemple, je parlerais du deuil en pensant au père de Vanessa. Ensuite, des sentiments universels qu’on ressent durant toute notre vie comme la vengeance, cette rancoeur menant à la haine et la colère. Le rejet de l’autre, la moquerie, l’envie de détruire. Estelle Maskame est parvenue ici et là à tirer des traits d’humour. Il n’y a rien de mirobolant et qui imprime un point fort, c’est juste présent, et ça fait son effet.
Sans être génial, Sweet revenge sort de l’ordinaire à l’aide de personnages très bien définis et attachants. L’écriture est simple et limpide, rendant une lecture fluide et sympa. Si vous désirez un brin davantage de douceur, ce roman devrait avoir son effet !