La neuvième tombe, S. Ahnhem

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La neuvième tombe, de Stefan Ahnhem (SW), Albin Michel, 2019

Synopsis :

La nuit tombe sur Stockholm. En quittant le Parlement après une séance houleuse pour rejoindre la voiture qui l’attend, le ministre de la Justice disparaît. Cette même nuit, à Tibberup, un petit village au nord du Danemark, la femme d’un célèbre présentateur est violée et assassinée chez elle. Bientôt d’autres corps, mutilés, sont retrouvés de part et d’autre du détroit d’Öresund. Chargés de l’enquête, l’inspecteur suédois Fabian Risk et son homologue danoise Dunja Hougaard vont faire face au pire complot qu’on puisse imaginer… et à cette question qui tourne à l’obsession : jusqu’où peut-on aller par amour ?

Aussi sombre que les profondeurs d’un hiver nordique, aussi lancinant qu’un cauchemar, La Neuvième tombe confirme Stefan Ahnhem comme la nouvelle révélation du thriller suédois depuis son best-seller Hors cadre, prix Crimetime Specsavers en Suède.

Avis : 4/5

Personnages : 4/5
Décors : 4/5
Trame : 4/5
Emotion : 4/5
Globale : 4/5

Ayant franchement été conquis par Hors cadre, il paraissait obligatoire de passer au tomes suivants. Mais là : horreur ! J’avais manqué la sortie du 2ème opus… Du coup, obligé de rattraper mon retard en commençant par La neuvième tombe !

Les enquêtes se déroulant à deux endroits, nous avons évidemment deux équipes de police totalement antagonistes ; peut-être trop.
En Suède, Fabian Risk mène le bal. Il devra savoir faire la part des choses avec sa vie de famille qu’il délaisse. Avec lui, Malin, sa coéquipière enceinte jusqu’aux yeux de jumeaux qui voit souvent juste, va à l’essentiel et surtout, qui est motivant et drôle la fois. J’avoue avoir un faible pour ce personnage le plus complet à mon sens. Leur supérieur, Edelman, les soutient, du moins en partie. Deux autres membres de l’unité vont les rejoindre quand l’enquête deviendra proche de son dénouement. En arrière-plan, une ancienne collègue, Niva, aidera incommensurablement l’équipe non sans faire du rentre-dedans à Risk. Elle a les outils, l’intelligence et la motivation pour s’aider au mieux des technologies.
La photographie au Danemark est donc le contraire. Dunja Hougaard est bien esseulée, livrée à elle-même, abandonnée par ses collègues. Son chef, Sleizner, lui refile l’enquête uniquement parce qu’il la trouve attirante. D’ailleurs, la lourdeur du type se fait de plus en plus pressante avec son comportement déplacé. Du fait que Dunja est à la tête de l’équipe, ses collègues le prennent très mal. Surtout Hesk, prêt à lui mettre des bâtons dans les roues et jouer avec le feu. 
Hormi Malin et Niva, les personnages sont assez classiques. La présence de Dunja, à mon avis, demeure sous-utilisée par rapport à celle de son homologue suédois.

Tout commence par quelques mots sur du papier qui tombe d’un camion entre Israël et la Palestine. Nous aurons droit à plusieurs chapitre là-bas et le tout est bien dépeint.
L’essentiel du temps, nous le passons en Suède, en Scanie. Les faits se déroulent en automne et en hiver et nous ne sommes pas épargnés par le climat nordique. Au Danemark, l’auteur s’est moins attardé sur cet aspect. 
Etant donné la longueur du roman, Stefan Ahnhem a certainement voulu privilégié la trame aux décors, sans quoi il aura frappé 1’000 pages sans se forcer.

La trame, justement, parlons-en ! Comme précédemment précisé, La neuvième tombe est vraiment long. Pour autant, long ne signifie pas automatiquement lent ou ennuyeux. 
Un bon premier point : impossible de trouver un lien entre ce qui s’est déroulé en Israël et Palestine avec les événements de la Suède et du Danemark. J’ai longtemps cherché un point de concordance… en vain.
Second élément positif, la variation du lieu des chapitres. En passant d’un pays à un autre, le suspense nous prend, et le mode page-turner est activé.
Troisième point positif : le mobile du responsable des crimes (j’alambique volontairement pour ne pas spoiler). On peut être pour ou contre, toujours est-il qu’il suscite bien des interrogations sur la moralité. J’ai tardé à comprendre ces termes dans le synopsis : « … cette question qui tourne à l’obsession : jusqu’où peut-on aller par amour ? » Et à un moment, ce thème m’est apparu et il faut avouer que Stefan Ahnhem a su l’amener avec brio.
Côté négatif : la narration est parfois mal conduite et embrouille.
A noter certaines incohérences dans les enquêtes qui ternissent les investigations. Des indices tombent aussi du ciel, ou alors les protagonistes traversent des miracles.
Après l’épilogue, on a droit au Chapitre X qui, bien qu’ayant creusé en long et en large, me laisse encore pantois. Que vient-il faire ici ? Un lien avec le tome 3 ? 

La neuvième tombe amène son lot d’émotions : gaité et amusement de Malin, lassitude et désintérêt devant certaines longueurs exagérées, de bon moments de tension et de nervosité, un sens de la vengeance qui dérange, de la rage, de l’irritation devant certains actes, de la surprise au moment de l’assemblage des pièces du puzzle, de la confusion volontairement imposée par l’auteur.

Sans révolutionner le genre, sans briller par excellence Stefan Ahnhem poursuit sur sa lancée. Le style d’écriture est attrayant, les enquêtes rebondissent souvent et bien des thématiques sont touchées. Un très bon roman, à ne pas passer à côté.