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Shalom Berlin, M. Wallner

Shalom Berlin, M. Wallner

Shalom Berlin, de Michael Wallner (AT), Editions Filatures, 2021

 

Synopsis :

À la suite de la publication d’un article sur la profanation de tombes dans le cimetière juif de Schönhauser Allee, à Berlin, la journaliste Hanna Golden reçoit des menaces de mort par mail.
Inquiète et désemparée devant tant de violence, elle s’adresse à la police qui l’oriente vers la LKA 5, le département de la sûreté de l’état, spécialisé dans la lutte antiterroriste. L’enquête est confiée au chef de cette unité, Alain Liebermann, membre d’une grande famille d’intellectuels juifs berlinois.
Berlin est un thriller passionnant sur la montée des sympathisants d’extrême-droite antisémites en Allemagne, avec un héros attachant et complexe, qui porte le poids de son histoire familiale communautaire.

 

Avis : 4.4/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 3/5
Emotion : 4/5
Globale : 5/5

 

Un grand merci à Delphine des Editions Filatures pour l’envoi de ce roman choisi dans une nouvelle Masse critique du côté de chez Babelio. Sans réelle surprise, la simple lecture du titre m’a immédiatement interpelé. 

Pour résumer ce thriller à l’autrichienne et allemande, il faut s’accrocher ! Je vais tenter d’y mettre un peu d’ordre.
Tout d’abord, on découvre des profanations dans un cimetière juif de Berlin. Une simple journaliste peu habituée aux gros dossiers se voit confier la tâche de rédiger un article sur ce crime. Immédiatement, elle reçoit des menaces très explicites, d’abord verbales, morales, puis physiques. Cette journaliste s’appelle Hanna Golden (nom de mariage) mais n’est pas juive. Pour autant, on semble s’acharner sans relâche sur son profil.
Pour la protéger, on la dirige vers la LKA 5, la sûreté de l’état, et surtout le chef de l’unité, Alain Liebermann. Le flic est en plein deuil, en doute avec ses sentiments. Il se cherche également dans son judaïsme. Sa mission semble freinée, quelqu’un lui met des bâtons dans les roues et la complexité de l’enquête ne cesse de croître et les pistes se multiplient, allant vraiment dans tous les sens possibles et imaginables. 

 

L’ennemi de mon ennemi est mon ami

J’ai délibérément mis de côté des sujets qui pouvaient me faire rédiger des pages et des pages d’avis : le judaïsme et la montée des extrêmes droites. 
Par contre, je préfère mettre en lumière une scène spéciales et assez singulière.
Lorsqu’au LKS 5, on soupçonne un néo-nazi de harceler la journaliste, Liebermann suggère une opération sous fausse bannière (false flag). Pour démontrer sa thèse et la prouver aux sceptiques, il a une idée saugrenue, farfelue et totalement folle. Il se rend aux abord de la frontière polonaise, dans un endroit sans route où ne trône qu’une vieille ferme à l’abandon. Là-bas, il y rencontre Franka avec qui il désir s’entretenir. La femme n’est autre qu’une grande influenceuse dans le milieu de l’extrême droite, une grande connaisseuse du milieu qui semble tomber des nu devant la demande de Liebermann. Oui, la sûreté de l’état a besoin de son aide. Oui, la sûreté la surveille également. Mais pour le bien de tous, cette union éphémère peut porter ses fruits. Liebermann saura s’il s’agit d’un crime lié à l’extrême-droite ; Franka blanchira son mouvement en démontrant qu’il ne s’agit d’aucun de ses membres.
Ainsi, car parfois la fin justifie les moyens, le vieil adage “l’ennemi de mon ennemi est mon ami” peut se révéler fructueux.

 

Une trame complexe

En tant que lecteur, j’avoue que je m’attendais à davantage d’investigations dans le milieu de l’extrême droite, une immersion plus profonde dans le milieu du judaïsme face à ce qu’ils subissent de plus en plus, y compris en Allemagne.
Ceci étant dit, tout amateur du genre thriller applaudira avec vigueur la trame de Michael Wallner. Cela part dans tous les sens et très loin, on passe du sentimental à du tort moral, de l’amour à la haine, du quidam lambda planquant du matériel nazi au politicien bien sous toutes les coutures. Dans cet imbroglio, des manipulations, des machinations politiques, des mensonges et secrets bien enfouis.
Au milieu, une pauvre journaliste que vous apprendrez à désirer prendre sous vos ailes.
Et un service de la sûreté que vous voudrez ne jamais incorporer !
Si Shalom Berlin n’apparaît pas dans mes coups de coeur, il reste un excellent roman qui mérite d’être lu et relu.