Cataractes, S. Delzongle
Cataractes, de Sonja Delzongle (FR), Gallimard, 2020
Synopsis :
Jan Kosta a été sauvé à l’âge de 3 ans d’un glissement de terrain dans lequel sa famille et la majorité des habitants de son village des Balkans ont péri. Depuis, il est devenu hydrogéologue.
Un ami d’enfance le prévient d’événements étranges dans la centrale qui vient d’être construite en aval du village de son enfance, alors qu’il est tourmenté par un cauchemar récurrent où il étouffe enseveli.
Avis : 4.2/5
Personnages : 4/5
Décors : 5/5
Trame : 4/5
Emotion : 4/5
Globale : 4/5
Une nouvelle fois, un grand merci au site Babelio et sa Masse critique pour m’avoir permis de découvrir une nouvelle auteure à travers ce beau thriller. Il a fallu m’armer de patience avant de le recevoir à cause du COVID, sa lecture n’en a été que plus alléchante !
Dans Cataractes, Sonja Delzongle a dressé de nombreux profils vraiment affûtés. Jan « Kosta » Kostadinovic est le personnage central et on ne peut qu’apprécier son courage de revenir sur ses terres natales après ce qu’il y a vécu. S’il y a laissé son âme, il va tout de même se surpasser et affronter ses tâches sans faillir. Mais ce n’est qu’un homme, avec ses casseroles, ses imperfections, et l’auteure nous ramène vite les pieds sur terre parce qu’elle n’a pas dépeint un héros poli comme un diamant. Si Vladimir Krstic, son ami d’enfance l’ayant engagé, apparaît tôt dans le roman, sa présence se fait assez discrète avant de devenir prépondérante. Accompagnant Kosta dans une grand partie de son aventure, Marija Pavlovic, une journaliste aventurière et taciturne. Rapidement, ils retrouveront un certain « Djol » et son enfant Sacha, vivant dans la montagne et étant totalement coupés de la société… ou presque. J’ai été assez touché par la figure de ce Djol, homme au grand coeur et véritable force de la nature. Dans d’autres rôles moins glorieux, Zlatko Costic, un psychiatre obsédé par la folie au passé trouble, Tanja Horvat, une victime au carnet d’adresses bien fourni et bien sûr, le groupuscule « Les Ombres Noires », des écologiste se faisant de plus en plus virulents, tout en discrétion.
A mes yeux, cet aspect du livre représente une sacrée masse de travail.
En carte postale, on commence brièvement ce périple par Dubaï avant de partir vers le village de Zavoï, son lac, sa centrale hydroélectrique. Le travail de Kosta le conduit à grimper sur le toit de la Serbie, la montagne Midzor, qui alimente en eau la centrale par la source de Babin Zub, un de ses sommets. Les descriptions sont vraiment bien détaillées, rien n’est laissé à l’abandon par l’auteure avide de nous faire découvrir ces différents univers. Certains lecteurs pourront trouver que cela imprime un semblant de lenteur, mais pour ma part, Sonja Delzongle a réalisé ici un travail de titan qui impacte tout le roman en nous emmenant dans son univers.
Si ce livre est classé comme thriller, il faut préciser qu’il ne s’agit pas ici d’une enquête policière avec un côté judiciaire, un autre médico-légal, etc. Pour du suspense, ces données ne sont pas obligatoires.
Le fil rouge est l’enquête de Kosta devant analyser des sources potentiellement contaminées, d’autres questions surviennent rapidement. Que sont devenus les Moines de Temska, soudainement disparus et dont l’église a été remplacée par un hôpital psychiatrique et un sanatorium ? Et leur médecin-chef joue-t-il un rôle majeur ? Quel est l’impact de plantes comme la belladone ou le datura sur un humain ? Et ce syndrome de Cotard est-il dangereux ?
A travers tout ce roman, on y croise des terres et des âmes meurtris par les guerres, et cela va déteindre sur bien des aspects. J’ai trouvé que l’auteure nous présentait la guerre comme un tout, sans prendre parti, décrivant les histoires avec recul.
Un dernier élément à relever quant aux déroulements de Cataractes : un final d’une rare atrocité ! De quoi scotcher plus d’un lecteur.
En reposant ce bouquin, j’ai été comme subjugué par ce final aussi osé, qu’intense, que cruel. Longtemps, ces ultime pages vont hanter mes pensées. Il m’est difficile d’en parler sans tout dévoiler, donc je m’arrête ici.
Comme autres émotions, Cataractes nous soulève par de l’émerveillement, de la curiosité, du dégoût à travers des morts bien épicées.
L’aspect qui m’a le plus dérangé tout au long de ce récit, c’est la syntaxe parfois très alambiquée. C’est un style qu’on apprécie, ou pas.
Toujours est-il que j’ai passé un agréable moment et que je vais sans doute être plus attentif aux sorties littéraires de Sonja Delzongle car Cataractes m’a fait assez bonne impression pour que je vous conseille de le dévorer !
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Absolution, Y. Sigurdardottir
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