Sang, J. Gustawsson

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Sang, de Johana Gustawsson (FR), Bragelonne, 2019

Synopsis :

[Sång] : nom fém. En suédois, signifie « chanson ». En Suède, une famille est massacrée dans sa luxueuse demeure. Ce terrible fait divers rappelle sur ses terres Aliénor Lindbergh, une jeune autiste Asperger récemment entrée comme analyste à Scotland Yard : ce sont ses parents qui ont été assassinés. Avec son amie Alexis Castells, une écrivaine spécialisée dans les crimes en série, la profileuse Emily Roy rejoint sa protégée à Falkenberg, où l’équipe du commissaire Bergström mène l’enquête. Ensemble, elles remontent la piste du tueur jusqu’à la guerre civile espagnole, à la fin des années 1930, lorsque le dictateur Franco réduisit toute résistance au silence, dans le sang.

Avis : 5/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 5/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5

Renaud avait déclaré que sa chanson « Petite fille des sombres rues » avait été en partie censurée car le refrain disait « Monsieur Franco, j’le crie bien haut, t’es qu’un salaud ». A l’heure actuelle, avec les langues libérées des penseurs d’extrême-droite, on en vient à regretter que la chanson n’ait pas pu voir le jour comme prévu. Petite parenthèse fermée !

Alors Sang de Johana Gustawsson n’est pas en mettre entre n’importe quelle main. Comme ses romans précédents, Block 46 et Mör, l’auteure a pris la liberté de prendre des éléments historiques et de les transposer au présent avec des liens étriqués. Dans cet opus, elle a décidé de s’attaquer à un pan de l’histoire sombre de l’Espagne écrasée alors par Franco. Une nouvelle fois, Johana Gustawsson nous a glissé un puissant thriller entre les mains, une richesse qu’on ne parvient pas à lâcher.

Alexis et Emily, accompagnées de Bergström et Olofsson demeurent les investigateurs qu’on a appris à aimer et qui nous manquent cruellement entre deux romans. Emily est encore plus singulière qu’auparavant et Alexis en plein dans les préparatifs de son mariage. L’arrivée du personnage d’Aliénor et de son drame, de sa manière de voir le monde ajoute une couche d’empathie. Bien sûr, les individus liés au passé et au franquisme ont un poids certain. Je reviendrai sur ceux-ci plus tard.

Les descriptions de Johana Gustawsson, ni trop longues ni trop courte, envoûtantes et précises nous offrent une immersion totale dans ses pages. On parvient à voir, entendre, sentir et goûter ses mots.

Le brio que l’auteure décroche chaque fois est du côté de la trame, ce passé/présent incessant, des personnages qui se rejoignent au fil des pages, des chapitres courts, sans fioritures inutiles, des pelotes de laine nouées entre elles pour noyer le poisson, ce poisson qu’on pense avoir attrapé alors que non… Le travail est magistral, invitant le lecteur à enquêter, à tirer ses conclusions, à devenir un personnage réel du roman. Les rebondissements ne manquent pas, les cliffhangers en font un page-turner dont on devient accroc en très peu de temps.

Si vous voulez de l’émotionnel, hé bien, vous n’allez pas être déçus. C’est noir, glauque, parfois extrême, dégoûtant, puis un brin d’humour avec Oloffson, retour avec de la colère, une haine viscérale, etc.
Chaque ouvrage de Johana Gustawsson termine en coup de coeur pour moi. C’est fatal ! Bravo à elle qui nous fait voyager entre ses pages ensorcelantes !