Ne deviens jamais vieux !, D. Friedman

Ne deviens jamais vieux !, D. Friedman

Ne deviens jamais vieux !, D. Friedman

Ne deviens jamais vieux !, de Daniel Friedman (USA), Editions Sonatine, 2014

 

Synopsis :

Memphis. Buck Schatz tombe des nues lorsqu’il apprend que son ennemi juré, Heinrich Ziegler, incarnation du mal absolu, n’est pas mort en Russie comme il l’avait toujours cru.

Quelques années plus tôt, il aurait certainement entrepris toutes les démarches possibles pour retrouver Ziegler. Mais si Buck est une légende de la police, celui qui, dit-on, à servi de modèle à Clint Eastwood pour L’inspecteur Harry, il a aujourd’hui 87 ans et profite d’une retraite qui lui permet de jouir en paix de ses deux principaux plaisirs : fumer ses cigarettes et assassiner son entourage de ses traits d’humour cinglants.
Toutefois il y a des réflexes qui ont la peau dure, et lorsque Buck décide malgré tout de ressortir son 357 magnum et d’aller fouiller cette étrange histoire, il est loin d’imaginer les dangers auxquels il s’expose.

Mais si Buck n’a plus vraiment le physique de l’emploi, il a maintenant un style propre à désarmer le plus acharné des adversaires. Avec cette irrésistible aventure d’un vieillard pas mécontent de s’offrir une dernière virée avant la nuit, Daniel Friedman nous offre non seulement un premier roman captivant mais surtout l’un des personnages les plus attachants de l’univers du noir rencontrés depuis longtemps.

Dans la lignée de Donald Westlake et d’Elmore Leonard, Friedman démontre ici avec brio à ceux qui en doutaient encore qu’hormis l’hypertension et le cholestérol, ce qui ne nous tue pas nous rends plus forts.

 

Avis : 4.2/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 3/5
Emotion : 4/5
Globale : 4/5

 

Chez Sonatine, on apprécie particulièrement les auteurs de ce genre. Leurs textes sont rédigés simplement, langage soutenu à oublier, humour noir à gogo. Le tout sous couvert d’un cynisme impitoyable.

On débute avec Buck, un flic retraité qui fut jadis un inspecteur hors-pair. Il coule des jours paisibles en fumant, encore et encore, partout où il le peut, même aux enterrements de ses proches. Lorsque son ami de toujours décède, il lui lâche un gros secret. 

Il aurait laissé s’échapper un dignitaire nazi contre de l’or à la fin de la guerre. Or, ce nazi avait pris plaisir à torturer Buck à Chemno et ça, il ne peut pas l’oublier. L’index lui demande une gâchette, mais lui préfère le repos, malgré la promesse d’un trésor que le nazi baladait avec lui : des lingots d’or du Reich. Autour de Buck, la mort rôde, se rapprochant de lui, le forçant même à sortir de sa réserve. Désormais, sa mission est de se venger de ce satané Ziegler et de ramasser le butin.

Accompagné de son petit-fils, simple universitaire étudiant le droit à New-York, Buck s’empare de son Magnum et s’offre un ultime road trip.

 

Le papy typique qu’on aime

Buck Schatz, on signe tous pour l’avoir dans notre famille ! Durant sa profession, il a battu tous les records et est reconnu comme une légende. Il n’hésitait pas à secouer les gens qu’il arrêtait, sauf s’il les avait abattus auparavant. Il est comme ça notre papy, trop réfléchir, ce n’est pas dans ses cordes. 

Sa version retraitée est pas mal non plus. Il fume comme un pompier, partout. C’est interdit ? Tant pis. On doit avoir tel comportement ici ? Tant pis aussi. Il reste fidèle à lui-même, et que personne ne vienne l’emmerder. Il n’a pas non plus la langue dans sa poche et n’hésite pas à envoyer de belles diatribes à Tequila, surnom de son petit fils, ou à quiconque croise son chemin. Son franc-parler et son humour glauque enchante le lecteur.

 

Road trip final

Dès le début, Buck parle de démence, se demandant si elle ne l’attend par sur le seuil de sa porte. Son état physique aussi laisse à désirer, le forçant à se mouvoir à la vitesse d’un escargot arthritique. Aussi, sa confrontation à Ziegler, il se l’imagine comme la boucle finale de sa vie. Il n’en a que faire de l’or, si le magot existe. Il veut juste se venger de celui qui a pris plaisir à le torturer jours et nuits et qui a simulé sa mort afin de se cacher dans la foule. 

Daniel Friedman nous offre ici un thriller noir, mais aussi une relation papy-petit-fils, un questionnement sur le vieillissement et sur le deuil. Si l’histoire manque un peu de rythme, les dialogues donne le change. Un très bon livre quand on aime ce genre.