Le trou, Y. Sigurdardóttir
Le trou, de Yrsa Sigurdardóttir (IS), Actes Sud, 2022
Synopsis :
Un homme est retrouvé pendu entre deux rochers du champ de lave de Gálgaklettar, un lieu historique d’exécution dans le passé colonialiste islandais devenu une attraction touristique. La pièce manquante du puzzle : un morceau de papier planté dans la poitrine du cadavre qui a été partiellement emporté par la mer…
Yrsa Sigurðardottir et ses deux héros Huldar et Freyja reviennent pour un quatrième thriller haletant qui traite et creuse avec brio la face sombre de l’être humain.
Avis : 5/5
Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 5/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5
C’est grâce à l’action Masse critique de Babelio que j’ai eu le privilège de recevoir le nouvel opus d’une auteure que j’adore ; Yrsa Sigurdardottir. Merci à Actes Sud d’avoir proposé ce roman !
Autant le dire tout de suite : ce roman est un nouveau coup de coeur ! Après les excellents Succion, ADN et Indésirables (hors série), Le trou vient garnir ma bibliothèque de merveilles scandinaves
Tout débute avec deux scènes distinctes sans lien apparent : un pendu dans un champs de lave et un enfant de 4 ans seuls dans un appartement qu’il ne connaît pas. Rapidement, Huldar le flic et Freyja de la protection de l’enfance vont voir leur enquête respective se croise. En parallèle, on voit évoluer un groupe de vieux amis, endeuillés par le meurtre de l’un des leurs et faisant face à leurs pires atrocités.
L’enquête piétine, les indices sont maigres, les questions bien trop nombreuses et les effectifs dépeuplés. Qui pouvait autant en vouloir à cette victime bien sous tout rapport ? Où sont les parents du petit Siggi ? Pourquoi l’enfant dessine-t-il des choses si dramatiques et violentes ? Y a-t-il un lien entre les deux affaires ?
Le trou tient plus du bon roman policier que du pur thriller. Quoique vers la fin, les histoires s’accélèrent, s’entrecroisent, se percutent et laissent tout lecteur abasourdi. Si l’on peut entrevoir parfois où l’auteure veut nous amener, il va sans dire que la partie invisible de l’iceberg créera un véritable raz-de-marée cheu le lecteur.
Des personnages aiguisés
Yrsa Sigurdardottir a réussi une nouvelle fois à faire vibrer ses personnages à leur maximum. On retrouver Huldar, un coureur de jupons invétéré, au demeurant un excellent flic et partenaire idéal. A ses côtés, le jeune Gudlaugur, qui tait au mieux son homosexualité. Leur supérieur, Erla, paraît intéressante dans ce roman ; elle a évolué. Toujours avec son sale caractère et le stress qu’on lui impose, le calme et la réflexion semblent s’inviter dans son esprit. Faisant preuve de bravoure et de pugncité, la cheffe impose ici tout son savoir-faire et insufle un vent de renouveau à son personnage. Et il y a la jeune stagiaire, tout droit débarquée de l’université. Lyna découvre les facettes du métier sur le terrain et a tout l’air d’être l’étudiante idéale, typiquement celle qui un jour pourra prendre le relais à la tête de la brigade.
Pour les protagonistes qu’on peut qualifier de louches, l’auteure souffle un peu le chaud et le froid, mélange les cartes et les redistribue à sa guise, noie le poisson à tout moment. Tout ce petit peuple est également bien travaillé et jouit des non-dits pour s’en sortir.
Immoralité et bassesse
Dans Le trou, Yrsa Sigurdardottir dénonce des actes immoraux et provocant des désastres en cascade ; femme battue, adultère, viols ou encore des femmes filmées à leur insu en pleine séance de gymnastique. C’est l’aspect de ce roman qui m’a brièvement soulevé l’estomac à quelques reprises. D’ailleurs, je peinais à saisir le pourquoi de ce titre de roman et, lorsque je suis tombé dessus, une rage sans nom m’a envahi. Combien ces gens en sont-ils venus à se permettre de telles bassesses ? On pourrait épiloguer et débattre des heures là-dessus qu’on y trouverait jamais l’embryon d’une solution.
La maison d’édition à liserés rouges n’a pas à s’en faire. Avec une auteure d’un tel talent, parmi tant d’autres dans leur rang, Actes sud nous montre une avenir encore plus radieux. Encore merci à Babelio ! Et longue vie à Yrsa !