Dans les brumes de Capelans, de O. Norek

Dans les brumes de Capelans, de Olivier Norek (FR), Michel Lafon, 2022

 

Synopsis :

Le grand retour du capitaine Coste, tant attendu par les lecteurs d’Olivier Norek.

Une île de l’Atlantique, battue par les vents, le brouillard et la neige…
Un flic qui a disparu depuis six ans et dont les nouvelles missions sont classées secret défense…
Sa résidence surveillée, forteresse imprenable protégée par des vitres pare-balles…
La jeune femme qu’il y garde enfermée…
Et le monstre qui les traque.
Dans les brumes de Capelans, la nouvelle aventure du capitaine Coste se fera à l’aveugle.

 

Avis : 5/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 5/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5

 

A peine avais-je entamé la lecture de Code 93 qu’Olivier Norek venait de gagner un grand fan. La suite de la trilogie menée par le Capitaine Coste ne fut alors qu’une cascade de coups de coeur ; aussi me séparer de lui me parut rageant. Heureusement, après trois autres merveilles de romans d’un autre acabit, Norek ressort Coste de ses abîmes !

Après tant d’années d’absence, la pression atteignait sûrement son paroxysme et réinventer son personnage le plus emblématique devait relever de la gageure. Hé bien là encore, figurez-vous que l’auteur ne connaît pas l’échec et semble peu enclin à y goûter un jour. Les brumes de Capelans, septième roman, septième chefs-d’œuvre !

Au milieu du prologue très original, l’addiction m’a gagné pour ne jamais me lâcher. Des enlèvements sordides en France sur de jeunes filles, un profil très spécial qui prend parfois la parole, des flics en lambeaux qui parviennent enfin après dix ans d’enquête à dénicher un élément capital. Et à des milliers de kilomètres de là, nous avons Coste, dans un tout autre rôle, avec sa sensibilité, sa loyauté, sa bravoure, son courage et son côté bougon.

Le synopsis demeurant aussi court qu’obscure, résumer davantage cette pépite serait un manque de respect pour son auteur qui frappe ici un grand coup en terme de qualité littéraire.

 

Olivier Norek vs Victor Coste

Olivier Norek voit-il en Victor Coste son miroir ou plutôt son alter ego ? Un mixe des deux ? Pour avoir vu de nombreux entretiens de l’auteur, il me semble que la première solution est ce qui se rapproche le plus de la réalité. Je n’ai jamais cessé de clamer que l’ancien flic de la SDPJ du 93 avait un coeur énorme, un sens de l’écoute aiguisé, un humanisme touchant, une sensibilité profonde, la volonté de voir en l’autre ce qu’il recèle de plus beau. Dans Entre deux mondes, Surface ou même Impact, Norek a renversé tous les clichés collés sur l’étiquette du policier qui se met à pondre des bouquins pour combler sa retraite. Plus subtil et avec un grandeur d’âme qui force le respect, l’auteur nous a invités à l’introspection.

Quand je repense aux précédentes aventures de ce cher Victor Coste, j’ai l’impression que Norek clairsemait son personnage de sa propre personnalité. Et avec Dans les brumes de Capelans, le tandem Norek/Coste se chevauche, se fond l’un dans l’autre pour former un tout qui le rend si attachant, envoûtant et bercé du sens de l’honneur et de la justice.

 

La grande complexité de l’enquête

Si le prologue sort de l’ordinaire par sa longueur, sa structure et ses points d’interrogation, la suite ne fait qu’empirer un situation bien mal engagée. Il y a d’une part tout ce qu’il se passe en France, sur le continent, avec ces disparitions et ce ravisseur particulièrement retors qui est animé par quelque chose de spécial. L’affaire dure, s’étire en longueur, le pression monte et le temps compte. En lien direct, Coste avance sous « légende » et se voit confier une drôle de mission qu’il n’est même pas sûr d’être apte à remplir.

Le mutisme d’une victime, les diverses manipulations et le passé tortueux de Coste ne font pas bon ménage alors attention au crescendo final qui assoit un peu plus le talent indéniable d’un Norek au sommet de son art. Zéro volonté d’être sevré, on en désire encore plus, plus vite, avant de pouvoir savourer une page après l’autre.

Merci à l’auteur !