clackberg sanspasser

Sans passer par la case départ, C. Läckberg

Sans passer par la case départ, C. Läckberg

Sans passer par la case départ, de Camilla Läckberg (SW), Actes Sud, 2021

 

Synopsis :

Skurusundet, détroit huppé dans l’archipel de Stockholm, réveillon de la Saint-Sylvestre. Quatre jeunes sont réunis pour fêter la nouvelle année. Pour braver l’ennui, ils décident de jouer au Monopoly. Mais ils ne sont plus des enfants : il faut pimenter les règles et les enjeux. La partie d’action ou vérité dans laquelle ils se lancent les entraîne vers des révélations de plus en plus fracassantes et des mises en situation de plus en plus dangereuses, jusqu’au point de non-retour…

 

Avis : 4.4/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 3/5
Emotion : 5/5
Globale : 4/5

 

Quatre ans se sont écoulés depuis la dernière fois où j’ai réellement adoré un Camilla Läckberg. C’était La Sorcière, il y avait encore Erika et Patrick… Depuis, le style a changé et déçu. Bon nombre de ses lecteurs étaient nostalgiques du temps où l’action se déroulait à Fjällbacka. Cependant, avec Sans passer par la case départ, l’auteure nous rappelle tout son talent en prouvant qu’elle peut taper fort en peu de pages.

Prenons quelques minutes pour poser le décor. Réveillon du nouvel an. Quartier chic de Stockholm. Quatre ados, Liv, Martina, Anton et Max, qui font la fête chez ce dernier. Tous les parents, ou presque, se trouvent dans la villa d’Anton, juste à côté, à portée de vue. D’apparence bien sous toutes coutures, les ados cachent de douloureuses plaies les uns aux autres. L’alcool coule à flot, la soirée se débride. Un banal jeu de société manquant d’intérêt se voit modifier. Tout s’envenime. Jusqu’à ce que les vérités jaillissent au grand jour.

Et puis parfois, un ado se tient à la fenêtre, vise les parents d’un regard mauvais. Là-bas, chacun a des reproches à se faire et pourtant, le réveillon bat son plein en toute quiétude…

 

Decrescendo jusqu’aux abysses

Et voilà justement la principale thématique qui apparaît : bas les masques ! Avec beaucoup d’alcool, les paroles se débrident, le jeu devient malsain avec des actions à réaliser de plus en plus violentes, les questions deviennent dérangeantes. Sans passer par la case départ ne compte que 90 pages. Mais dès la première, on devine de gros éléments gardés sous silence. Le decrescendo s’amorce, lentement, rendant l’ambiance de plus en plus morose, limite sinistre. Sous les paillettes de ces adolescents évoluant dans un milieu aisé, le vernis se fissure, les vérités surgissent à l’air libre et là, chacun rabat ses cartes. On parle ici de viol, de violences, d’adultère, d’alcoolisme, d’inceste. On touche à présent les abysses, mais que faire ? La vengeance semble le seul moyen de retrouver un semblant de justice.

 

Le huis clos idéal

Enfin un roman de Camilla Läckberg que j’ai à nouveau pu apprécié ! Quel pied ! Je vous avouerais quand même que ce thriller est trop petit, la fin trop abrupte. Alors oui, l’intensité saura presser le lecteur et sans doute que plus de volume aurait abaissé ce rythme effréné. Mais tout de même, le double de pages m’aurait davantage envoûté.
Pour les amoureux du style Agatha Christie, vous trouverez ici votre bonheur sans la moindre hésitation. Le huis clos vous emmène durant quelques heures d’une banale fête à une redoutable vengeance. Les personnages sont très différents et chacun pourra s’identifier à l’un des protagonistes. C’est noir, triste et à la fois vivant ! 

Pas loin d’un coup de coeur, Sans passer par la case départ semble remettre Camilla Läckberg sur les voies de l’excellence d’un thriller scandinave. Malgré le retard accumulé avec ses derniers ouvrages, elle démontre avec ce nouveau roman qu’il ne lui manque qu’un pas pour revenir avec brio sur le devant de la scène.