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L’espion français, C. Bannel

L'espion français, C. Bannel

L’espion français, de Cédric Bannel (FR), Editions Robert Laffont, 2021

 

Synopsis :

Le nouveau thriller de Cédric Bannel, qui entrouvre une porte sur les coulisses secrètes de la DGSE.
INTRÉPIDE. IDÉALISTE. IMPLACABLE.

Il existe au sein de la DGSE une entité dédiée aux missions tellement sensibles qu’elles ne peuvent être confiées à ses membres officiels. Edgar, trente-trois ans, parisien, est l’un de ces agents de l’ombre très spéciaux. S’il tombe, il tombera seul.
Sa prochaine destination : la frontière entre l’Iran et l’Afghanistan. Là, dans une des tours du silence de l’antique foi zoroastrienne, sa cible l’attend.

Bannel parvient à un effet de réalisme qui rend ses histoires passionnantes.  » Pierre Lemaitre, prix Goncourt

 

Avis : 4.8/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 4/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5

 

A m’en mordre les doigts !!! Comment ai-je pu passer à côté de cet auteur ? Aucune idée, mais cela va changer.

L’espion français est un thriller palpitant et prenant du début à la fin. Cédric Bannel nous balade de Paris à Kaboul ou vers d’autres contrées afghanes. Le récit est détaillé, diablement immersif et varié. En France, on suit une filière djihadiste dans la capitale. Des planques, des écoutes, des interpellations brutales, des corps qui disparaissent à jamais. Le but : remonter jusqu’à une Française à la tête d’un commando de fous furieux à l’autre bout du monde. Derrière cette enquête, Edgar, un civil utilisé dans l’ombre par la DGSE. 
En parallèle, la brigade criminelle de Kaboul menée par Oussama enquête sur cette fameuse leader qui ressemblait plus à un mythe qu’à une sérieuse meneuse d’hommes. Le commandant et ses acolytes débuteront par la piste de l’enlèvement de plusieurs infirmières, s’approchant peu à peu d’une zone de non-retour. Histoire de complexifier leur mission, les flics se retrouveront vite face aux barrières des tribus locales, des politiciens véreux et des combats délivrés par le passé dans ce pays.

 

L’attaque digne d’Hollywood

Il y aurait tant de scènes marquantes à décrire…
Celle qui crépite encore le plus dans mes rétines, c’est bien la bataille du Camps 71. Dans la région montagneuse de Banda Banda dans le Nangarhar, entre Kaboul et Peshawar, Oussama et son équipe sont envoyés en mission suite à une information reçue. En effet, la djihadiste française Alice Marsan, alias la Veuve blanche, s’y trouverait. Mais dès leur arrivée, c’est la stupeur : la position du camps qui doit les épauler est totalement à la merci de potentiels attaquants. Pour le commandant, il ne fait aucun doute qu’on les a volontairement dirigés vers un traquenard. 
Connaissant la stratégies des djihadistes, il sait que dès le lendemain matin, il y aura de l’action. 
La colère divine s’abat rapidement sur eux comme prévu, une déferlante de balles, de mortiers, de missiles suivis par des belligérants haineux descendant des falaises. Sur une crête, l’alliance entre deux factions pourtant à la base ennemies se félicite de cette réussite. Le camps est réduit à peau de chagrin en peu de temps, du sang, des morceaux de corps et de la fumée tapissent le paysage.
Oussama a plus d’un tour dans son sac et sa contre-attaque n’en sera que plus piquante. Et pourtant, là encore, rien n’est totalement gravé dans le marbre dans le pays de la corruption.

 

Paris – Kaboul, une épopée comme si on y était

Cédric Bannel a travaillé ses pages à la perfection et a dû se documenter à fond sur les divers sujets. La réalité et la fiction se mélangent de la première à la dernière page. Pour Edgar, l’espion, il n’a rien laissé au hasard, autant sa mentalité que ses divers outils de travail, ses armes ou ses connaissances. 
C’est d’autant plus vrai qu’avec les passages se déroulant en Afghanistan. A l’heure où j’écris ces lignes, cela fait quelques jours que les talibans ont repris le pouvoir ; dans ce thriller écrit il y a un an, Bannel assurait déjà que leur prise de pouvoir était en marche. Il en va de même avec la corruption gangrénant la totalité de la société afghane, y compris la police ou les politiques. Tout s’achète, des meurtres, des trahisons pour quelques dollars, des otages ou des enfants pour des réseaux pédophiles. 
Vous l’aurez compris, ce bouquin recèle de richesses sur la culture de l’espionnage et la culture d’un pays qu’on a tendance soit à ignorer, soit à bombarder.