Chère petite, R. Hausmann
Chère petite, de Romy Hausmann (DE), Actes Sud, 2021
Synopsis :
Une jeune femme est hospitalisée après un accident de la route. Elle explique avoir réussi à se libérer de son bourreau après une captivité particulièrement éprouvante. Mais quand son père arrive à l’hôpital pour la retrouver, c’est le choc : ce n’est pas sa fille.
Dans la veine de «Gone girl» et «The Room», «Chère petite» est un thriller psychologique glaçant qui trouble les sens et sème le doute : la victime est-elle devenue encore plus folle que son bourreau ?
Avis : 5/5
Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 5/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5
Nouvelle petite pépite chez Actes Sud en la personne de Romy Hausmann ! Une auteure à retenir, à suivre, pour un premier roman à dévorer !
Les personnages parviennent à vous happer immédiatement. La petite Hannah, 13 ans, représente le rôle le plus touchant, avec son autisme, son entièreté, son franc-parler. Elle occupe une place énorme, au détriment de son petit frère Jonathan.
La Lena qui est retrouvée après 14 ans de captivité revient de très loin. Pour éviter de spoiler, il est difficile sinon impossible d’en dire plus. Matthias et Karin, les parents de Lena, arrivent dans le roman avec un grand fracas et c’est le père qui va mener la bataille. Entre la police, les médias et sa femme, il aura de quoi donner de sa personne.
Je relève finalement une figure peu présente, mais qui m’a plus : Ruth, l’infirmière qui entame les premiers dialogues avec Hannah.
Tout se passe en Allemagne entre Cham et Munich. On passe d’une sombre cabane puant le huis clos forcé au domicile de notre Lena, en passant par chez Matthias, ou encore d’un hôpital psychiatrique pour mineurs. Tous les lieux ont l’air bien définis et permettent au lecteur de s’en imprégner.
Romy Hausmann se sert de trois narrateurs différents pour nous raconter cette histoire. Hannah, Matthias et Lena. Chère petite est rédigé à la première personne et cette utilisation du “je” a de quoi perturber le lecteur. On entre dans la peau de ces écorchés vifs, on y lit leur peine, leurs souffrances, leurs pensées et leur vécu. Tout se passe vite, pas le temps de respirer et de toute manière, on suffoque devant les faits, cette violence, cette perversité et la minutie rythmée par cette plume.
Ce roman paraît impossible à poser, on veut savoir ce qui est écrit à la page suivante, on en devient dépendant, on se mue en boulimique de lecture.
Que d’émotions face à ce thriller psychologique ! Un maelström de chocs devant l’horreur, d’amour et de pitié pour Hannah avant tout, puis les autres. La souffrance est omniprésente, la rage nous prend à la gorge face au sadisme du ravisseur. Romy Hausmann joue avec nos nerfs, et on en redemande.
Pour un premier roman, Chère petite frappe fort et s’impose comme un coup de coeur. Un page-turner comme on les aime, un régal, de l’art littéraire diablement tissé. A lire à tout prix !!!