
In God we trust, C. Abad
In God we trust, de Cyril Abad (FR), Pyramyd Editions, 2020
Synopsis :
Ce livre est une enquête sur les formes excentriques que peut prendre la foi aux États-Unis.
Si le capitalisme a toujours trouvé un terreau fertile dans le protestantisme américain, ces dernières années ont vu naître des offres religieuses dignes des meilleurs services marketing.
Parc d’attractions créationniste, église naturiste, prédicateur à vélo, et autres étrangetés proposent ainsi à chacun de vivre sa foi comme il l’entend, au sein de sa communauté.
Les photographies de Cyril Abad réussissent le pari de donner à voir sans juger, d’ouvrir des portes inattendues et de rendre palpable une déroutante réalité.
Avis : 4/5
Merci à Babelio, merci à sa Masse critique et merci aux Editions Pyramyd Revelatoer pour m’avoir procurer ce livre graphique fort intéressant.
En regardant les livres mis en avant cette fois-ci, deux ou trois ouvrages ont retenus mon attention. Avec un titre aussi fort que In God we trust agrémenté d’une photo frappante, Cyril Abad a rapidement fait pencher la balance en sa faveur. Pour ma part, aucun regret d’avoir cliqué sur son ouvrage.
A noter que tous les textes sont rédigés en deux langues – français et anglais -, ce qui est fort agréable si l’on se débrouille pas trop mal du côté de Shakespeare. Autre détail à relever : l’avant-propos est signé Douglas Kennedy, ce qui amène son lot de sérieux et d’expérience en la matière. Dernier élément à retenir : les différents endroits retenus par Cyril Abad se trouvent dans la « Bible Belt », région regroupant les Etats où les croyants sont les plus rigoristes, essentiellement ceux du sud.
Voyons quelques points de In God we trust, en quelques brefs mots étant donné que le livre est davantage visuel que textuel.
Drive-In : un drive-in, ça parle à tout le monde. Imaginez à présent ce système utilisé pour des messes, permettant ainsi à ses fidèles les plus affaiblis au niveau de leur santé de venir se recueillir, ou à d’autre de s’y rendre accompagnés de leurs animaux. Pour dire « Amen », rien de plus simple : on klaxonne !
Naked Church : nudisme et messe ne sont pas des mots qui vont de pair. Une église a toutefois sauté le pas et elle organise même mariages et enterrements dans le plus simple appareil.
Holy Land : c’est le parc d’attraction dans lequel deux fois par jour, vous pouvez voir Jésus être fouetté et fouler ses derniers pas. On le crucifie également. Il y a la possibilité de visiter son tombeau, mais l’offre est un surplus à payer.
Cross Bike : un ancien cycliste professionnel roule sur des kilomètres et, derrière son vélo, il promène une croix qui s’allume même la nuit. L’idée paraît loufoque, mais l’approche est à louer, car l’homme agit plus en qualité d’éducateur de rue que de fanatique religieux.
Ark Encounter : ça, c’est la partie qui m’a le plus énervé. On parle ici d’un gigantesque bateau – certes très beau puisque les amish y ont prêté leurs connaissances en matière de menuiserie -, l’arche du Noé, abritant un musée de 7’300m2 ayant coûté aux contribuable du Kentucky plus de 100 millions de dollars. Le visiteur y apprend le créationnisme, donc le monde a été crée en 6 jours il y a juste 6’000 ans, les dinosaures étaient présents sur l’arche, etc. Une jolie fresque raconte également le choix d’une fille s’étant détournée de la foi pour succomber aux garçons et à l’alcool, le tout l’ayant mené à la décadence avant que la colère divine s’abatte sur elle. Plusieurs associations s’opposent d’ailleurs à ce projet qu’ils jugent aussi absurde que dangereux.
Tiny Mobile Church : c’est une petite église mobile, façon caravane, non confessionnelle et pouvant accueillir jusqu’à 25 personnes. L’idée est idéale pour les mariages à petit budget ou de diverses confessions. On peut même la louer.
Seacoast Church : l’église qui m’a le plus plu, la voilà, en Caroline du Sud, à Charleston. Etant une mégaéglise non confessionnelle, l’Eglise évangélique a tenté de lui mettre le grappin dessus, en vain. Aucun prosélytisme, aucun rituel religieux, bienvenue aux athées ! Jeux de société pour les enfants, l’office ressemble plus à du coaching qu’à une approche biblique, utilisation des technologies, on y trouve même un Starbucks.
A travers ses clichés, Cyril Abad ne pose pas de critique, il rapporte juste des faits avec un profond respect. C’est à nous autres, lecteurs, de tirer les enseignements des images proposées. J’ai ressenti beaucoup de curiosité et de plaisir à traverser In God we trust et ne regrette que la mise en page qui, parfois, ne permet pas à la photographie d’occuper la place nécessaire, laissant des blancs. Cette odyssée dans la « Bible Belt » me réconforte dans mon idée que le seul mariage assuré d’une longue de vie est l’union entre l’Eglise évangélique (sa version américaine tient davantage du fanatisme que partout ailleurs) et le capitalisme – point d’ailleurs relevé par Douglas Kennedy.
Bravo et merci à l’auteur.

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