Unité 8200, D. Alfon
Unité 8200, de Dov Alfon (IL), Editions Liana Lévi, 2019
Synopsis :
À son arrivée à Roissy, un jeune responsable marketing israélien est enlevé par une hôtesse blonde, sans motif apparent. Présent à l’aéroport « par hasard », le colonel Zeev Abadi, officier de l’unité 8200 des services de renseignement israéliens, propose aussitôt son aide à la police française. Dès lors, l’enquête va se dérouler sur deux plans : à Tel Aviv, où la jeune lieutenante Oriana Talmor tente d’aider son supérieur à l’insu de sa hiérarchie, et à Paris, où Abadi et le commissaire Léger de la PJ vont enquêter conjointement, non sans quelques frictions. Quand le corps de l’infortuné voyageur est retrouvé dans une usine de retraitement de déchets, qu’un drone élimine ses kidnappeurs en plein Paris et qu’un jeune militaire israélien disparaît de sa chambre d’hôtel, l’affaire prend une tournure propre à inquiéter le ministre français de l’Intérieur et le Premier ministre israélien… La traque durera 24 heures, fera 12 victimes et les propulsera au cœur d’un complot plus terrifiant et ingénieux qu’ils ne l’auraient imaginé.
Né en 1961, Dov Alfon a grandi entre la France et Israël. Ancien officier des services de renseignement israéliens, il a été grand reporter, responsable des enquêtes puis rédacteur en chef de Haaretz. Unité 8200, son premier roman, est resté en tête des ventes en Israël en 2016 et 2017. Les droits de traduction ont été vendus dans 12 pays, et les droits télévisuels ont été achetés par Keshet, les producteurs de Hatufim (la série israélienne qui a inspiré Homeland). Dov Alfon vit aujourd’hui à Paris où il est le correspondant d’Haaretz.
Avis : 4.4/5
Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 4/5
Emotion : 4/5
Globale : 4/5
Si un jour vous croisez un membre de l’Unité 8200 et que vous avez quelque chose à vous reprocher, sachez qu’il a déjà épluché toute votre vie et qu’il vous connaît par coeur. Avec ce simple titre, l’auteur Dov Alfon donne déjà de grandes informations sur ce que renferme ce roman. Pour qui s’intéresse un tant soit peu à l’espionnage, ce service est bien connu et ne renferme que des soldats d’élite parmi l’élite du renseignement numérique ; rien que ça. En a-t-il fait bon usage, lui qui y a travaillé pour de vrai ?
Premier point fort de cet ouvrage : les personnages. Il y en a vraiment beaucoup et les profils varient du tout au tout ; un Premier Ministre, des espions, des petits dealers, des gradés de l’armée, des policiers.
Sur Paris, on trouve : le Commissaire Léger, flic bourru, compétent, que ses supérieurs désirent utiliser pour justifier un échec ; le Colonel Zeev Abadi, futur chef de la section spéciale de l’Unité 8200, esprit affûté, gros passif de presque traître, il va enquêter sur la disparition de l’Israélien avec Léger ; Chico, responsable de la police israélienne à Paris ; Yermi, de l’Unité 8200, qui a eu la mauvaise idée de s’en prendre à un gros bras pour lui soutirer une énorme somme d’argent ; Ming, gros bonnet Chinois, autoritaire, déteste qu’on se paie sa tête ; Erlang Shen, son tueur préféré qui fait le ménage partout, y compris dans ses propres rangs ; He Xiangu, cheffe de l’opération lancée par Ming, dictatrice impitoyable.
A Tel-Aviv : Lieutenante Oriana Talmor, adjointe du chef de la section spéciale de l’Unité 8200, gros potentiel, héritage familial au sein de l’espionnage, jeune et talentueuse, on la craint ; Oren, aide de camp du chef du Renseignement, vicelard, prêt à tout pour gagner des galons ; Général Rotelmann, chef du Renseignement militaire, déteste Abadi et veut lui mettre des bâtons dans les roues par tous les moyens, idem envers Oriana, désire imposer son autorité autant que possible ; Rachel, secrétaire 8200, très drôle et bien efficace, fidèle à Oriana et à l’Unité 8200.
Ce roman d’espionnage se situe à Paris et Tel-Aviv. L’auteur connaissant très bien ces deux lieux, il a su rendre une réplique parfaite qui donne une allure sérieuse et non des clichés rébarbatifs. En semant ses petits cailloux de la sorte, Dov Alfon nous permet de naviguer avec lui au fil des pages. Réellement, on vit dans les endroits qu’il nous sert à merveille.
La trame de fond de Unité 8200 se divise en de nombreux points subdivisés entre Paris et Tel-Aviv. Entre deux actions d’un même personnage, il faut parfois plusieurs chapitres. Personnellement, j’ai accroché à ce style. Des chapitres nombreux et très courts, un niveau de détails pointus, étudiés et méticuleux comme dans « Je suis Pilgrim » de Terry Hayes. Le format des faits se déroulant sur 24h offre une rapidité et une intensité à chaque instant. Donc, pourquoi avoir mis « que » 4 ? Simplement parce qu’un lecteur lambda, peu habitué au monde de l’espionnage et des services secrets, sera vite perdu dans ce dédale de positions. Dov Alfon a réussi à dessiner une magnifique pelote de fils raccommodés entre eux, ou pas, et c’est un sacré tour de force de nous faire participer d’aussi prêt à une enquête de la 8200.
Un bon roman d’espionnage mène forcément à une grande curiosité, un désir d’en savoir davantage, de comprendre les tenants et aboutissants de toute l’affaire. Entre la froideur calculatrice d’Abadi et le caractère fonceur d’Oriana, le cocktail est explosif et rend une copie dont on crève d’impatience d’avoir le fin mot !
Un excellent roman, un travail monstrueux de la part de Dov Alfon qui a mis en lumière un scénario diabolique sur 24h en mêlant énormément d’informations ! Son passage à Tsahal lui a permis de nous délivrer un récit d’espionnage rarement aussi complet. Merci à l’auteur !