Victime 2117, J. Adler Olsen

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Victime 2117, de Jussi Adler Olsen (DK), Albin Michel, 2020

Synopsis :

Le journal en parle comme de la « victime 2117 » : une réfugiée qui, comme les deux mille cent seize autres qui l’ont précédée cette année, a péri en Méditerranée dans sa tentative désespérée de rejoindre l’Europe.

Mais pour Assad, qui oeuvre dans l’ombre du Département V de Copenhague depuis dix ans, cette mort est loin d’être anonyme. Elle le relie à son passé et fait resurgir de douloureux souvenirs.

Il est temps pour lui d’en finir avec les secrets et de révéler à Carl Mørck et à son équipe d’où il vient et qui il est. Au risque d’entraîner le Département V dans l’oeil du cyclone.

Qui est Assad ? Victime 2117 est la réponse. Cette enquête est son histoire.

Avis : 5/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 5/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5

Huitième opus des “Enquêtes du Département V” emmené par le duo Carl et Assad. J’ai l’impression qu’hier encore je découvrais Jussi Adler Olsen avec Miséricorde, un roman qui m’avait littéralement torpillé. Si un personnage m’avait tapé à l’oeil, c’était bien Assad ! Les mystères l’entourant s’approfondissaient au fil des romans et dans Victime 2117, les masques tombent enfin ! Vous vous demandez que vaut ce livre ? Réponse : de l’or !

Une fois n’est pas coutume, c’est bien Assad qui est mis en avant. Et jamais on ne l’avait vu si touchant, entier et sanguin. Son passé déroule sous nos yeux, nous laissant sans le mot. Carl, plus humain que jamais, le suit de très près dans l’enquête de cette fameuse victime 2117. En parallèle, ils marchent sur les pas de Joan, cupide pigiste catalan sans courage, mêlé à cette sombre affaire.
Par effet de ricochet, Rose et Gordon doivent résoudre une histoire d’appel téléphonique d’un jeune homme désirant venger la victime 2117 en réalisant un crime de masse au Danemark. Alexander, l’addict gamer en ligne et complètement fou, compte s’attaquer à sa mission dès qu’il aura franchi la barre symbolique des 2117 kills à son jeu. Ce personnage-là n’a rien à envier à un psychopathe pur et dur.

Tout commence… en Catalogne ! Plage de rêve, cocktails, etc. On poursuit vers Chypre où des migrants ont échoué. Sur cette île, nous aurons droit à une visite d’un centre de requérants et son ambiance particulière. Rapide détour par le Danemark avant une plongée en enfer vers l’Irak, les nombreuses guerres, les désaccords religieux et politiques, les recherches futiles d’armes de destruction massive et la fameuse prison d’Abou Ghraib. Et enfin, on termine ce périple à Francfort puis Berlin, avec ce qu’ils ont d’historique.

La trame de ce roman est assez difficile à expliquer. Tout chapitre a son personnage : Assad, Ghaalib, Carl, Rose, Gordon, Alexander. Il y a deux enquêtes simultanées, l’une liée à un jeune fou au Danemark, l’autre à au décès de la victime 2117 qui débouche sur la fuite de terroristes. Au milieu de tout ça, des flashbacks d’Assad et Ghaalib sur leur dualité, leur histoire et ce qui les a amené à être ceux qu’ils sont actuellement. En dire plus sans spoiler me paraît impossible ! Sachez encore que les deux affaires sont amorcées avec un compte à rebours. S’il ne s’agit pas d’une révolution, l’ambiance est telle que ce roman brûle les mains et use notre patience.

Pléthore d’émotions s’entrechoque. Assad bouleverse, Ghaalib enrage, énerve, répudie, Alexander nous pousse à une incompréhension de son fonctionnement cérébral, les migrants nous bousculent, nous touchent, nous remet face à nos responsabilités. Enfin, c’est l’histoire d’une vengeance, de l’honneur et de liaison du sang.

Jussi Adler Olsen brille de mille feux avec ce bouquin vraiment magistral, entraînant et plus d’actualité que jamais. A mes yeux, Victime 2117 devient son chef-d’oeuvre qu’il a élevé avec brio au-dessus de ses précédents romans.