Succion, Y. Sigurdardottir

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Succion, de Yrsa Sigurdardottir (IS), Actes Sud, 2019

Synopsis :

Assise sur les marches glaciales devant l’entrée de sa nouvelle école, Vaka regrette de n’avoir pas mis un manteau plus chaud. Apparemment, son père a oublié de venir la chercher, sa mère a oublié de lui donner de l’argent de poche cette semaine et l’école est déjà fermée. On ne peut décidément pas se fier aux adultes. Résignée à attendre, elle voit bientôt une petite fille approcher. Vaka la reconnaît tout de suite : elle est dans sa classe, c’est celle à qui il manque deux doigts. La petite fille habite juste derrière l’école, alors Vaka lui demande si elle peut venir chez elle passer un coup de téléphone pour appeler son père. Plus personne ne reverra jamais Vaka.

Dégradé et relégué au plus bas de l’échelle après les polémiques qui ont entouré sa dernière enquête, l’inspecteur Huldar doit se contenter des chiens écrasés. Jusqu’au jour où on le charge d’une vérification de routine qui bascule dans l’horreur lorsque, après un signalement anonyme, il trouve deux mains coupées dans le jacuzzi d’une maison du centre-ville. Huldar ignore encore que cette mutilation n’est que la première d’une longue série.

Après ADN, Huldar et Freyja, la psychologue pour enfants, reprennent du service dans une de ces intrigues glaçantes et addictives dont Yrsa Sigurðardóttir a le secret.

Avis : 5/5
Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 5/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5

Troisième roman et autant de réussites pour Yrsa Sigurdardottir ! Sans doute sa meilleure réussite jusqu’ici grâce à son intrigue machiavélique.

Si l’on met de côté les noms et prénoms parfois imprononçables de certains individus (avec des lettres inconnues également), on reconnait la qualité de l’auteure pour dresser des portraits très différents et entiers. L’aspect psychologique n’est pas épargné et rien n’est écrit au hasard ou pour créer un remplissage. On retrouve avec plaisir Huldar, le flic plus poissard que jamais et Freyja, la psychologue qu’il contacte avec plaisir dès qu’il le peut bien que leur relation soit tendue.

L’Islande, ses terres fragiles, sa météo capricieuse et sa politique un tantinet spéciale sont au rendez-vous, sans plus ni moins. Le minimum syndical est bien respecté et ne gêne pas la vitesse de l’enquête.

Se faire mener en bateau et créer des écrans de fumée, voilà les réussites d’Yrsa Sigurdardottir ! Les chapitres s’accumulent et on croit deviner le pot-aux-roses, puis non, enfin pas tout à fait, les suspects se réduisent, retournement de situation, mensonge, et une vérité criante qui tombe à l’ultime page que vous rêviez d’atteindre après déjà une vingtaine de pages. Vraiment, l’auteure m’a bluffé sur bien des points et c’est à la fois frustrant et plaisant. Le rythme de l’enquête avance, recule, piétine ; à en perdre le nord ! L’excellence de l’intrigue en fait son point fort tant on ne peut jamais tout deviner avant que l’auteure ne l’ait décidé.

On ressent dans Succion les frissons typiques des écrivains scandinaves ; froideur, cynisme, dégoût, surprise, envie, etc. Aucune page, aucun paragraphe même est neutre et c’est un régal de lire un roman aussi vivant.

Un livre d’une telle qualité mérite vraiment une attention particulière et un profond respect pour la personne qui arrive à le rediger avec un tel brio. Un coup de coeur vif et incisif, voici le compte-rendu de cette lecture passionnée et passionnante !