Snjór, R. Jónasson

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Snjór, de Ragnar Jónasson (IS), Editions Points, 2017

Synopsis :

Siglufjördur, ville perdue au nord de l’Islande, où il neige sans discontinuer et où il ne se passe jamais rien. Ari Thór, qui vient de terminer l’école de police à Reykjavik, y est envoyé pour sa première affectation.

Mais voilà qu’un vieil écrivain fait une chute mortelle dans un théâtre et que le corps d’une femme est retrouvé, à moitié nu, dans la neige.

Pour résoudre l’enquête, Ari Thór devra démêler les mensonges et les secrets de cette petite communauté à l’apparence si tranquille…

Avis : 5/5

Personnages : 5/5
Décors : 5/5
Trame : 5/5
Emotion : 5/5
Globale : 5/5

Connaissez-vous Ragnar Jónasson ? Pour ma part, inconnu au bataillon jusqu’ici ! Mais trois choses ont attiré mes pupilles : il vient du Nord, il est fan d’Agatha Christie, il a été repéré par l’agent d’Henning Mankell. De quoi s’y intéresser, me semblait-il. Excellente idée !

Son personnage principal, Ari Thór, n’est pas un flic parfait, déjà car il n’est pas flic au début du roman mais étudiant… en théologie. Devenu policier, il trouve un job loin de chez lui, dans le nord du nord de l’Islande, de quoi déprimer la moindre quand on connaît le climat. Ajoutez à cela l’éloignement avec sa dulcinée, il y aurait de quoi se mettre sous Prozac ; pas lui. Pour autant, il ne s’agit pas d’un super-flic, bourré d’hormones, avec la science infuse et bourru. Il apprend, il va à taton, il s’immisce parmi les autochtones peu enclin envers les nouveaux, il tente tant bien que mal à appréhender les conditions climatiques. Ne pas être un héros, ça a du bon parfois. A ses côtés, deux autres flics, sympas, compréhensifs. Les autres personnages concernent essentiellement les gens gravitant autour du théâtre qui doit présenter son nouveau spectacle. Chaque personne a son rôle bien précis, les informations tombent peu à peu sur leur vie. Parmi eux, j’ai notamment apprécié Ugla, la prof de piano. A noter qu’on sent un travail à la Agatha Christie sur ce point.

Côté environnement, c’est la galère. L’hiver, le nord de l’Islande, la neige, la nuit, le froid mordant. Mais cette nature hostile est plaisante à lire, très bien décrite et riche en détails.

Un accident, ou un meurtre, sur la personne d’un vieil écrivain. Une femme laissée pour morte dévêtue dans la neige. Les intrigues sont vite posés. Le fil rouge tendu par Ragnar Jónasson rappelle sans hésitation les huis clos d’Agatha Christie. Au début du roman, il y a bien différents lieux mais on se tourne rapidement vers Siglufjördur uniquement. La coupure déjà nette vers le reste du pays est amplifiée par une avalanche monstre qui les isole totalement. La traque de la vérité peut enfin commencer ! Il y a des twists proches du sadisme de la part de l’auteur, une structure bien définie dans laquelle il nous balade sans pitié, des non-dits rageants, les différentes histoires des personnages qui se délient lentement, nous mettant le doute quant à leur implication. Vraiment, j’ai adoré être malmené de la sorte !

On vit les émotions à travers chaque page, tant dans le récit pur que dans les pensées ou les dialogues. L’auteur a réellement travaillé et peaufiné ce côté afin de mettre de la couleur dans ces mystères.

Sans l’ombre d’une hésitation, Snjór m’a convaincu de le définir comme un coup de coeur. Quant à son auteur, il va sans dire qu’il le surveiller comme le lait sur le feu car il a des qualités à revendre.