La fille sans peau, M. P. Nordbo

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La fille sans peau, de Mads Peder Nordbo (DK), Actes Sud, 2020

Synopsis :

Nuuk, Groenland, 2014. Une découverte sensationnelle fait frémir la petite communauté : le corps d’un viking est extrait de la glace, en parfait état de conservation. Mais le lendemain, le cadavre a disparu et on retrouve l’agent de police qui montait la garde nu et éviscéré comme un poisson. L’épouvantable procédé résonne funestement avec des affaires de meurtres non élucidées vieilles de plus de quarante ans.

A l’époque, les victimes étaient toutes des hommes soupçonnés d’abus sexuels sur leurs filles. Le journaliste Matthew Cage et la chasseuse de phoques Tupaarnaq vont s’associer pour tenter de faire la lumière sur ce dont personne n’a envie de parler. Et à Nuuk, les secrets les plus tordus sont les mieux préservés, comme figés dans la glace par un pergélisol impitoyable.

Avis : 3.4/5

Personnages : 2/5
Décors : 5/5
Trame : 3/5
Emotion : 4/5
Globale : 3/5

Si vous aimez le froid, un scénario bien ficelé, de la chair fraîche et une belle écriture, vous pouvez sans l’ombre d’une hésitation découvrir l’auteur danois Mads Peder Nordbo.

Ceci dit, j’émets déjà un petit bémol dès la première étape : les personnages. Il y en a beaucoup, et souvent, avec des prénoms difficilement déchiffrables voire asexués. Avec un peu de patience et de concentration, on s’en sort tout de même. Au-delà de la barrière linguistique, j’ai peiné à m’attacher à quelqu’un. Il m’a semblé observer un défilé de figures fades, sans relief ou banals. Pourtant, vu la thématique abordée, je pense qu’il y avait mieux à faire.

Ah ! Le Groenland ! J’ai toujours aimé le Grand Nord, mais de là à m’imaginer cette terre-là, j’avoue… En bon Scandinave, Nordbo possède en lui cette passion de la nature, ce sens inné de la description magique des paysages envoûtants, de ce froid mordant. Inutile de préciser que si les Caraïbes représentent votre lieu de vacances idéal, il faudra vous armer d’un plaid et d’un thermos de tisane bien fumante avant d’attaquer ce roman ! Pour les autres, si le coeur vous en dit, ne vous gênez pas pour tenter de prononcer correctement le nom des lieux. La langue groenlandaise, vraiment, ça n’a pas l’air aisé à déchiffrer !

L’histoire se divise très vite en deux parties ; l’une en 1973 et l’autre de nos jours. Le passage de l’un à l’autre se réalise sans peine et ne gêne jamais la lecture. Nordbo a eu la capacité de dépeindre plusieurs chemins, plusieurs types de crime et des retournements de situation méticuleux. Mais à trop vouloir nous balader, il peut parfois nous perdre et se perdre également ; dommage, car la thématique avait de quoi mettre tout lecteur sur les dents.

Dans La fille sans peau, vous aurez l’honneur d’apprendre à tuer puis vider un phoque, ou un humain ; c’est au choix ! Peu ragoûtant, je vous le concède. Sachez tout de même que tout ce sang versé n’est rien comparé à la souffrance morale de plusieurs filles : ça, ça irrite comme une fichue brûlure au second degré ! Ce roman regorge de richesses qui sauront éveiller bien assez d’émotions pour que vous arriviez à l’adorer.

Mads Peder Nordbo réussit un très bon roman, très instructif sur la culture groenlandaise, le tout sous couvert d’une grande enquête pour divers meurtres sordides ! A consommer sans tarder !